Il y a de plus en plus de jeunes écologistes en herbe dans nos écoles néo-brunswickoises, grâce à la vision du Projet Gaïa, un organisme à but non lucratif qui vise à développer chez les jeunes la capacité de prendre des décisions informées au sujet de l’énergie et de son impact sur l’environnement
Par exemple, à l’École Camille-Vautour de Saint-Antoine, munis de gants, de masques et de pinces, les jeunes ont effectué une analyse du contenu des poubelles de leur école. Ils ont ainsi découvert que la plus grande portion des déchets est attribuable à la matière organique, dont près du tiers serait compostable. Ils ont réalisé qu’ils jettent souvent de bons aliments, telle une pomme entière, à la poubelle. De plus, après avoir retrouvé beaucoup de papier, les élèves ont décidé de mettre en place des procédures pour encourager les gens à le réutiliser et à recycler davantage. En avril prochain, l’équipe du Projet Gaïa sera sur place pour les aider à mener un nouveau contrôle, afin de voir s’ils ont atteint leur objectif de réduire de 10 % les papiers et les cartons envoyés au site d’enfouissement.
À l’École Sainte-Anne de Fredericton, les élèves se sont quant à eux intéressés à l’agriculture durable et à l’énergie renouvelable. Certains ont décidé de monter un projet visant à retracer la provenance de la nourriture servie à leur cafétéria et au Café d’ici, un petit café-bistro qui se trouve dans leur école et centre communautaire. L’objectif de l’étude est de voir s’il serait possible de s’approvisionner en aliments provenant d’un jardin qu’ils mettraient sur pied en partenariat avec la communauté. Une autre équipe de la même classe s’est penchée sur l’évaluation du potentiel à fournir de l’électricité au Café d’ici par l’entremise de panneaux solaires.
À l’École secondaire Assomption de Rogersville, les élèves ont entre autres mené une enquête sur l’éclairage et la consommation d’énergie. Ils ont collecté en équipes des données relatives à l’intensité lumineuse de différentes sections de l’école, afin de comparer leurs données aux normes canadiennes. Ils ont constaté que les corridors de leur école sont souvent plus éclairés que la norme recommandée. À l’aide de tableaux et de graphiques, ils ont présenté à la direction de leur école et aux représentants de leur district scolaire des chiffres démontrant les économies réalisées en réduisant cet éclairage.
« On mène les jeunes à non seulement identifier un aspect de leur école qu’ils veulent investiguer au niveau de la planification de viabilité, mais aussi de faire une collecte et analyse des données avec des outils technologiques et de proposer des solutions concrètes et réalistes », dit Jimmy Therrien, agent des programmes éducatifs des écoles francophones du Projet Gaïa.
« On commence par faire une présentation à la classe sur l’énergie et les dangers de notre mode actuel de consommation. Puis, on encourage une discussion ouverte avec les jeunes. Selon leurs intérêts, les jeunes forment des équipes et montent un plan de travail pour mener leur enquête. On veut que les jeunes essayent de se former une idée de leur projet par eux-mêmes. Souvent, ils vont se bloquer, avoir des obstacles. Tout au long de cette première phase expérimentale, on les encourage à revoir leur démarche et à s’adapter. Enfin, ils nous présentent leur plan de travail et on leur donne de la rétroaction. On fait souvent intervenir des experts, par exemple, si les jeunes s’intéressent à la question de l’énergie solaire, on essayera d’inviter un ingénieur qui travaille dans ce domaine. »
Lorsque les élèves sont confiants de leur plan de travail, ils sont prêts à passer à l’action, à faire leur collecte de données, à les analyser et à proposer des solutions de rechange.
« Les jeunes doivent se pencher sur les coûts et sur la viabilité des solutions qu’ils proposent. Nous les mettons au défi de trouver des solutions réalistes et durables pour l’école. Puis, ils en font la présentation devant la communauté scolaire, composée entre autres des membres de l’équipe de viabilité de leur école. Ce comité multipartite, comprenant des membres de la direction, des parents et des personnes de la communauté, ainsi que divers employés de l’école, enseignants et élèves, est responsable de la révision régulière du Plan de viabilité de l’école. »
Le but de ce défi, selon Therrien, est de créer des citoyens responsables, d’augmenter la confiance et de développer les compétences des jeunes. « Après avoir vécu une telle expérience, ces jeunes écologistes en herbe vont sûrement continuer à être conscients de leur impact environnemental. Et nous espérons qu’ils poursuivront sur leur lancée en proposant des idées et des solutions de rechange dans plusieurs sphères de leur vie, autant à la maison que plus tard lorsqu’ils seront intégrés au marché du travail. »
Nathalie Landry est une consultante en communications pour le changement social. Son entreprise, Écho Actions, donne un coup de main aux organismes à but non lucratif ainsi qu’aux petites et moyennes entreprises au niveau des relations publiques, des médias et du marketing. @EchoActions
En apprendre plus sur le Projet Gaïa
En plus des projets de planification de viabilité des écoles, le Projet Gaïa, lancé en 2008, offre également d’autres programmes visant la compréhension de l’enjeu de la consommation énergétique et des solutions de rechange. Son Centre d’Énergie Mobile (CÉM) interactif – soit une remorque qui contient une variété de types d’appareils fonctionnant à l’énergie renouvelable et contrôlés par le biais de cinq écrans tactiles – fait des tournées dans les écoles secondaires à l’automne et au printemps. Le programme du CÉM permet non seulement aux jeunes de constater à quel point nous épuisons nos ressources fossiles, reconnues pour contribuer à l’augmentation de l’effet de serre et aux changements climatiques, mais cela leur donne principalement la chance de mieux comprendre les alternatives possibles – leurs avantages et leurs désavantages.
Du perfectionnement professionnel est aussi offert aux enseignants, par le biais de webinaires mensuels où interviennent des experts en énergie et environnement, de même qu’une session d’été permettant aux enseignants de faire l’expérience de la démarche d’enquête que vivent les élèves participants aux projets. Enfin, le programme d’Excellence en éducation expérientielle, ou E3, en partenariat avec le Wallace McCain Institute, donne aux enseignants qui croient en l’éducation par projet ou en l’éducation expérientielle la chance de se rencontrer plusieurs fois par année et d’échanger des ressources et conseils. Le but est d’encourager davantage ce type de pédagogie en salle de classe au niveau de l’éducation en équipant les enseignants avec le soutien et les ressources dont ils ont de besoin.
Infos : projetgaia.ca