Au Nouveau-Brunswick, une enseignante de 7e année à l’École Le Mascaret fait beaucoup jaser d’elle et de ses vidéos qu’elle met à la disposition de ses élèves. C’est une pionnière qui s’est lancée dans une approche fort intéressante pour sa salle de classe : la classe inversée.
Dans la classe de Mme Annick Arsenault Carter, les cours sont à visionner en devoir et les exercices sont à réaliser en classe. Ces capsules vidéos sont disponibles sur Internet, afin que les élèves puissent les consulter à la maison, en préparation pour le cours du lendemain, où ils seront appelés à mettre les notions en pratique par le biais d’exercices et d’activités d’apprentissage diverses. La classe inversée permet à Mme Arsenault Carter de maximiser son temps avec ses élèves. Elle passe davantage de temps auprès de ses élèves à discuter, supporter et orienter leur apprentissage.
« Avant, quand j’enseignais selon une approche plus traditionnelle, ça devenait bien trop lourd », dit-elle. J’expliquais une notion en classe. Les élèves s’en allaient à la maison avec des exercices. Ils avaient alors des questions ou bien ils étaient bloqués et bien entendu, je n’étais pas là pour leur donner un coup de main. Et dans bien des cas, les parents non plus ne pouvaient pas les aider. Les jeunes revenaient ainsi en classe le lendemain, souvent frustrés et découragés et il fallait que je réexplique le tout… Cela pouvait durer plusieurs jours. »
« Maintenant, il n’y a plus de temps perdu pour les explications. J’enregistre les explications dans des capsules que je mets à la disposition des élèves. Ils les visionnent le soir et réfléchissent à quelques questions que je leur pose sur le contenu, afin de m’assurer qu’ils ont absorbé la matière. Le lendemain, ils arrivent en classe prêts à en discuter. Nous clarifions certains points et ils se mettent à la tâche. Je suis libre de circuler parmi mes élèves et de leur donner une attention plus individuelle. »
C’est après avoir suivi un cours sur la classe virtuelle à l’Université de Moncton et s’être abonnée à Twitter ainsi qu’à d’autres réseaux sociaux que Mme Arsenault Carter a découvert cette approche et des enseignants à travers le monde qui l’utilisent.
« J’ai pris beaucoup de temps pour me renseigner à ce sujet. Puis, en 2012, je suis revenue du congé du mois de mars et j’ai dit à mes élèves : OK, on change complètement notre façon de faire les choses ! », raconte-t-elle en riant.
« J’ai tout de suite vu des changements positifs auprès de mes élèves. Visionner des capsules, bien ça fait appel à la technologie, et cela vient les rejoindre. Ils sont devenus plus motivés et engagés. Mais ce qui est vraiment intéressant, c’est que les parents sont devenus plus engagés dans l’apprentissage de leurs jeunes aussi. En visionnant les capsules avec leurs enfants, les parents peuvent voir ce que leurs enfants apprennent et ils absorbent eux aussi les notions. Ils peuvent mieux les aider s’ils ont des questions. »
« Puis, il y a les élèves ayant des difficultés, qui tout à coup, ont commencé à participer plus en classe. Avant j’essayais d’aider ces jeunes en passant des heures supplémentaires avec eux pendant la récréation ou l’heure du diner. Je travaillais souvent plus fort qu’eux. Je tenais à ce que ces jeunes puissent prendre le contrôle de leurs apprentissages et qu’ils puissent voir par eux-mêmes leurs progrès. Maintenant, quand ces jeunes regardent les capsules le soir avec leurs parents, ils ont le temps de prendre des notes, de réécouter ce qu’ils ne comprennent pas, de réfléchir et de penser à des questions qu’ils veulent me poser. »
De plus, la classe inversée de Mme Arsenault Carter permet aux élèves de suivre leur propre rythme d’apprentissage. Elle a développé une grille qui aide ses élèves à naviguer à travers leurs leçons. Une série d’activités et d’exercices vient compléter chaque capsule. Des évaluations formatives sont planifiées, afin de constater la progression des jeunes. Ainsi, les élèves performants peuvent passer plus rapidement à travers la matière, alors que ceux qui ont de la difficulté peuvent passer plus de temps sur les notions qu’ils comprennent moins.
Mais il y a quand même eu des défis. La classe inversée nécessite que les élèves aient un moyen de visionner les vidéos à la maison. Pour les élèves qui n’ont pas Internet à la maison, Mme Arsenault Carter les encourage à visionner les capsules pendant le temps de lecture, pendant le cours ou encore à l’heure du diner. Puis, elle doit penser davantage à la gestion du contenu. « Certains élèves avancent très vite à travers la matière quand on les laisse évoluer à leur propre rythme. Il faut s’assurer d’avoir du contenu en réserve, des défis et activités qui peuvent les stimuler. C’est ainsi que je suis tombée sur l’idée d’un tableau d’enrichissement qui donne aux élèves ayant terminé les exercices prévus après chaque capsule l’occasion d’approfondir encore plus leurs connaissances », avoue-t-elle.
Un conseil pour les enseignants qui aimeraient essayer cette approche ? « Allez-y ! Faites une capsule par mois pour voir combien de temps ça peut vous libérer en salle de classe. Bientôt, vous voudrez en faire plus. »
Nathalie Landry est une consultante en communications pour le changement social. Son entreprise, Écho Actions, donne un coup de main aux organismes à but non lucratif ainsi qu’aux petites et moyennes entreprises au niveau des relations publiques, des médias et du marketing. @EchoActions
Sources:
Mme Annick Arsenault Carter et sa classe inversée :
- Site Web : annickcarter1.wordpress.com
- Facebook : facebook.com/annickcarter1
- Twitter: twitter.com/annickcarter1
- Chaîne YouTube : www.youtube.com/user/annickcarter1
Des ressources sur la classe inversée (article sur Infobourg.com): www.infobourg.com/2013/05/09/des-ressources-sur-la-classe-inversee/